DINOZÉ fut libéré le 22 Septembre 1944 par la 7° Armée Américaine sous le Commandement du Général PATCH
Les lignes suivantes sont extraites du Journal de Georges BOIZOT qui fut Maire de la Commune.
Depuis huit jours, deux Compagnies de pionniers Allemands occupent DINOZÉ. Ce sont les premiers soldats ennemis qui logent dans ma Commune. J’ai chez moi un Capitaine. Une cinquantaine d’hommes et de gradés sont logés à la cité en face de chez moi. Des ouvriers réparent les camions et autres matériels. Ils sont très corrects, on ne peut croire que comme tant d’autres Allemands, ils pourraient se livrer à des cruautés et pourtant ils n’hésiteraient pas, s’ils en recevaient l’ordre.
La radio annonce les avances alliées, les Américains seraient à une vingtaine de kilomètres, les Allemands partent dans la direction de Rambervillers, c’est déjà la débandade, les autos allemandes regagnent leur pays, les routes en sont pleines.
2 Septembre 1944.
Arrivée d’une section Allemande de réparations de chars d’assauts, ils restent trois jours.
16 Septembre 1944.
Depuis bientôt 15 jours, on attend les Américains, ils seraient à CHARMES, à BAINS-LES-BAINS, à EPINAL, les services Allemands font leurs préparatifs de départ, ils entassent dans des camions les meubles volés. La radio annoncé la libération d’EPINAL, ce n’est hélas qu’une fausse nouvelle, je vais à la Trésorerie Allemande toucher 190.000 F. (2/3 d’un camion réqui-sitionné).
21 Septembre 1944.
On attend les Américains, ils seraient à DOUNOUX. Vers 11 h. 30, deux soldats Américains descendent seuls en éclaireurs le chemin de la Houée, sans aller plus loin. Ils retournent direction HADOL. On court vers eux, on leur porte des friandises, des fruits…
Vers 13 h. 30, trois ou quatre Alliés, sous la conduite d’un civil circulent sur la voie ferrée. Les Allemands sont toujours à SAINT-LAURENT sur la rive droite de la Moselle. Hier, cependant, deux chenillettes Américaines sont descendues à SAINT-LAURENT, mais ont dû rebrousser chemin.
L’artillerie Américaine est au Roulier de DOUNOUX, elle canonne la rive droite de la Moselle, quelques obus « courts » tombent à proximité de l’usine, dont un sur le Café COUVAL, ses éclats tuent l’épicier M. Edmond KILFIGER. Ce sera la seule victime de ces actions.
M. KILFIGER est inhumé provisoirement dans le jardin voisin, en raison de l’occupation.
22 Septembre 1944.
Quelques patrouilles Américaines sillonnent le pays à la recherche des soldats Allemands restés. De çà de là, ils ramènent
quelques prisonniers. L’artillerie Américaine est à LAMENIL et GRANDFAING et canonne dans la direction d’ELOYES et
d’ARCHES où les Américains n’auraient pu traverser la Moselle.
Par contre la rivière est franchie aux « Noires-Eaux » entre DINOZÉ et ARCHES.
23 Septembre 1944.
L’Artillerie Américaine canonne vigoureusement, surtout dans la soirée, d’une hauteur de DINOZÉ, les balles traçantes
sont très visibles, les tirs semblent se concentrer sur le plateau de la VIERGE, à EPINAL.
Septembre 1944.�EPINAL est libéré, les Allemands ont quitté la ville hier soir.
Septembre 1944.
Je vais à EPINAL, c’est l’allégresse partout. Samedi soir, vers vingt heures, les Américains ont franchi la Moselle à la Loge Blanche, après un tir de barrage. Les Allemands ont alors quitté la ville prenant la route de Rambervillers. Tous les ponts de la ville ont sautés. Les explosions ont endommagé toutes les constructions proches et certaines sont même détruites. Des désolations qui s’ajoutent aux destructions de 1940 et 1944.
En résumé on peut fixer le 22 Septembre 1944 comme date de la libération de DINOZÉ.
La libération d’EPINAL a eu lieu le 24 Septembre.
Le 25 Septembre, installation de la Municipalité par le nouveau Préfet.
Octobre 1944.
Au début d’octobre, un détachement Américain va cantonner à DINOZÉ, il y restera jusque fin Décembre.
L’Etat-Major de la division PATCH s’installe dans les locaux KRANTZ, à DINOZÉ.
Le personnel est chargé de diverses réparations du matériel. Parmi ces membres je rencontre journellement un Lieutenant dont le nom est « CRANE », j’ai avec lui les relations les meilleures, ainsi d’ailleurs qu’avec bon nombre de soldats dont plusieurs comprennent ou parlent français. L’un d’eux me disait: « Dans ma paroisse, en Louisiane, tout le monde comprend le français ». Cela m’a fait plaisir.
Un jour, le lieutenant me dit à peu près ceci : « Les morts des deux camps sont répartis un peu partout. On désire les ras-sembler, voyez-vous dans les environs, un terrain qui pourrait convenir ? ». Je le conduisis sur le plateau situé le long de la vieille route d’Arches, surplombant légèrement la Moselle et limité par la rigole d’alimentation de la digue de BOUZEY. Cela convenait et il prévoyait comme limite possible la Maison « DUROC ».
C’est là que furent inhumés 12.755 Américains, parmi lesquels le Lieutenant PATCH, fils du Général en Chef, et 4.891 Alle-
mands. Ces derniers furent transférés plus tard au Cimetière Militaire Allemand d’ANDILLY près de TOUL.
7.300 Corps de Soldats Américains repartirent aux U.S.A.
Dans la cour d’honneur, sont gravés les noms de 424 disparus dont les restes n’ont jamais pu être identifiés.